mercredi 12 novembre 2008

La non existence des éditeurs.

Qu'un jour un cinglant démenti empourpre ma face de la honte d'avoir pensé n'importe quoi et ne m'être pas abstenue de l'avoir écrit ; mais je compte sur l'indifférence généralisée pour oublier sitôt dénoncée la bêtise sans nom des maisons d'édition.
Me croirait-on si j'affirmais que mon roman non seulement se vend très bien (près de soixante en une semaine par ma seule action) mais qu'il plait, qu'il intéresse, qu'il excite des débats, des discussions...? Y verra-t-on de la forfanterie ? Je me suis remboursée et maintenant, l'argent qui rentre est pour moi...en fait pour réinvestir dans un autre tirage. Car je n'ai pas encore fait les deux séances "lecture-dédicace" prévues et apparemment, il y aura du monde.
Où est la réactivité des maisons d'édition ? Qu'est-ce qu'elles attendent pour sortir de leur coquille, venir vers les auteurs qui s'expriment partout sur la toile via les blogs, les mises en lignes ...? Non, elles préfèrent leur molle léthargie en entretenant le mensonge du "service des manuscrits". Elles n'envisagent aucune adaptation aux différentes formes que l'écriture prend aujourd'hui. Léo Scheer a bien affirmé qu'il fera évoluer le concept de m@nuscrits, ce qui est louable ; mais s'il le fait (comme il le dit), il sera bien le seul !
Alors voilà, je me confectionne une charte à mon usage et qui veut l'applique:
1) Je ne contacterai plus d'éditeur sauf si celui-ci vient à moi.
2) Je lirai désormais essentiellement les auteurs non édités dont les textes sont disponibles sur la toile et j'en ferai état une fois par semaine dans une rubrique (bien que je ne sois pas critique)
3) Je mettrai tous mes textes "achevés" sous forme publiée sans attendre stupidement le réveil lent des ours hibernants de l'édition.
4) Quand j'achèterai un livre, je ne prendrai pas de best-seller, mais celui dont l'auteur est auto-publié ou bien qui parait dans une toute petite maison d'édition ; et si j'aime, j'en fais grand tapage (autant que je puis).
5) Je ne parle plus des maisons d'édition : elles n'existent pas tant que je n'existe pas pour elle(s). Ni critique, ni éloge : indifférence.
La littérature ne saurait se réduire à ces Bernard Werber, ces Nothomb, ces Angot, ces Beigbeder, bref ces produits marketting qui envahissent le marché ; la littérature en France finit par se réduire à ces références pourtant les plus discutables. Où est ici l'effort pour délivrer une vision du monde contemporain ? Ne se passe-t-il donc rien autour de nous ? N'y-at-il d'urgence qu'à parler d'une amourette avec un chanteur de rap ? Je rêve, j'hallucine devant la misère intellectuelle dont les maisons d'édition se rendent responsables en abaissant de plus en plus leurs exigences et en -comble de l'ironie- écoeurant les plus talentueux. En France pour obtenir une reconnaissance, il faut être vieux ou mort ! Des couille molles, de l'autosatisfaction imbécile, des prétentieux qui bavent de mépris pour les écrivains qui cherchent logiquement à être édités -mais quand ils sont morts ah ça... ils les rendent leurs hommages ! Peuple bêlitre et indigent que les éditeurs ! Vieille aristocratie dégénérée ! Rejetons décadents d'une image décomposée de la culture française (Monsieur...!)
J'abolis votre existence : je vous décapite d'un trait de mots. Vos têtes dans un panier n'enlèveront rien à la pensée française qui se porte fort mal du fait de votre inertie coupable.

6 commentaires:

Julia Fontesse a dit…

Très bien, très très bien. Je crois que je vais faire comme vous. Je crois... Je ne suis pas certaine d'avoir ce courage, mais je vais essayer.

Julia Fontesse
http://julia.fontesse.over-blog.com/

La contempo-reine a dit…

Chère Julia,
Merci de vous être aventurée sur ce blog bien qu'il ne représente aucun danger, si ce n'est, pour paraphraser Spinoza, que de "faire croître en soi la puissance d'agir", c'est à dire adopter un fonctionnement autonome, émancipé des attentes illusoires qui reposent sur les autres.La responsabilité, quoi.Ce que vous appelez "courage" ne correspond à rien d'autre que le fait de surmonter la peur d'avoir peur. Car vous verrez, la plupart des personnes accueillent bien les initiatives défendues par ceux qui les lancent : un marchand ne défend pas toujours avec autant de passion que le créateur lui-même le fruit de son travail. La frilosité provient surtout d'un état psychologique que les éditeurs imaginent peut-être insurmontable en prenant le moins de risque possible. C'est dommage d'en arriver là quand même.Amicalement, Reine.

Anonyme a dit…

Bravo, bravo, bravo, je relie ce billet sur mon blog :-)

Julia Fontesse a dit…

Moi aussi j'ai créé un lien avec ce billet sur mon blog...

Le Tour Opérateur a dit…

Salut comptant-pour-Reine de la littérature ou comptant-pour-haine des pseudo éditeurs de merde.(Désolé pour ces jeux de mots)
C'est Benji, ainsi donc j'ai lu ton bouquin et je souhaite contribuer à son succès en disant qu'il est magnifique et ce pour plusieurs facteurs.
1: On est avec le personnage, balloté dans le debut du siècle ce qui nous fait nous ressouvenir que l'Histoire n'est pas finie comme aiment à le prétendre trop de chiens de bourgeois assis sur leur capital. On est avec lui, non pas à l'intérieur mais entre le monde et lui, voyant défiler l'action etle positionnement du personnage par rapport à ce qu'il lui arrive. Ainsi pris, écrasé par l'extrémité des situations et l'intimité "anodisante" du personnage, naît alors mon sentiment j'en conviens très personnel, du XXI°siècle. L'individu est sans cesse débordé par la réalité, celui là même qu'on avait installé depuis ces magnifiques trentes glorieuses, dans un fauteil très confortable et qui aujourd'hui malgré des efforts considérable(acculturation de masse, institutionalisation de la culture, glorification de la communication pour eviter de sentir sa contingence...)semble se trouver dans une impasse. Eh bien c'est cette impasse dans laquelle Raphael Soros, tombe, presque par hasard, lui même disant qu'il n'était pas né à la bonne époque.
2: Le style volontiers étoffé, est ample, brassant un langage soutenu, pointu à la banalité du quotidien, il se fait libre au détour du cheminement intellectuel du personnage. Chose brillante et pourtant ayant l'air très simple, là encore il y a du cachet.
3: Pour des raisons liées(quoique c'est discutable)à l'actualité, la lecture du roman rend compte d'une acuité très fine de l'auteure, et surtout explose aux yeux du lecteur, comme un pétard. Le roman se chosifie, il se concrétise et ne reste alors que la détresse d'un lecteur outré se disant que ce n'est que de la littérature opportuniste...
Opportuniste ou opportune ?
La réponse va sans dire, bien entendu et je salue ton travail !

P.S : Un bémol, il aurait fallu qu'il soit plus long, enfin bon je me répète.

La contempo-reine a dit…

Benjamin,
Je me fonds dans l'incandescence de votre enthousiasme...une place au chaud.Et oui, l'Histoire n'est pas morte et ce n'est pas d'affirmer qu'elle l'est qui la fera mourir ; on ne fera au pire que donner un titre à ces années comme on le ferait pour un mauvais tube, du genre "déboires et idées noires". Comme vous l'avez souligné, mon personnage n'est pas la victime de la fin du monde : il choisit au plus vite de revenir au plus près de ce mince reliquat de civilisation. La dialectique a encore de beaux jours devant elle et ce qui peut nous effrayer ou nous réjouir, c'est que le mirage de la "synthèse" reste un mirage, une vision asymptotique de nos limites. A l'inverse, c'est tous les jours Apocalypse, ou plutôt pas plus hier qu'aujourd'hui et pas plus aujourd'hui que demain.
Merci d'avoir si bien saisi la portée de mon roman ; je vous en suis reconnaissante.