lundi 3 novembre 2008

Deuxième extrait-suite de Civilisation perdue

Dans un précédent billet, j'ai présenté le début du roman. En voici la suite :
"Je m'appelle Raphaël Soros. Je suis né en 1980, période qui ne connaissait pas encore l'entier désespoir qui est le nôtre maintenant, nous autres hommes vivant en 2017. A trente-sept ans, je suis presque fou, je pense. La folie, dans certaines circonstances est un signe de santé mentale ; il y a des paradoxes qui ne tiennent pas la route mais dont a éperdument besoin. C'en est un parmi d'autres quand l'absurde pénètre un peu trop loin dans la chair du vivant.
Après la grande débâcle de 2015, j'ai dû fuir la France. Moi qui n'avais pas un goût trop prononcé pour l'aventure, j'ai été servi ! Pourchassé au titre de "délinquant écologique" terrorisé par une de ces mafias qui pullulent dans notre pays, évincé de mon travail, je me suis retrouvé par un de ces hasards qui vous font douter de la matérialité de la vie dans une île du Pacifique que feu mon frère a acquise dans sa grande prévoyance avant de quitter ce monde. Non ce n'est pas un thriller, ni une réplique de Robinson, ni un songe duquel on ne se réveille pas tout à fait ; c'est mon histoire et à travers elle, celle des hommes de mon époque.
D'abord, il y a eu le gigantesque krach boursier de septembre 2015 ; les économies du monde occidental se portaient déjà mal et il était difficile d'imaginer qu'elles allaient tomber plus bas. C'était tout à fait présomptueux de le croire et nous fûmes tous démentis par surprise comme toujours. Les états, cette fois n'avaient plus les moyens de colmater les brèches par où s'échappaient les capitaux ; il fallait dorénavant se débrouiller tout seul avec les banques en crise, les services publics qui fermaient tour à tour, le pétrole déclaré "denrée rare" et l'eau aussi. "La fin de l'Etat providence", "le chacun pour soi", "Une société enfin libéralisée", "La faillite de la France", "le monde en loques" furent en substance les gros titres des journaux qu'on pouvait lire dans cette période de turbulences aussi bien dans notre pays que dans le monde entier. (...)"

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon, ben j'aime pas trop...
Trop démonstratif.
Il s'agit d'aller chercher au coeur du language, pas au coeur des idées. C'est là que sont les seules idées. Enfin, c'est ce que j'en dis...

La contempo-reine a dit…

Voyez quand j'étais étudiante, je me disais la même chose : le coeur du langage en pensant avoir résumé avec cette seule formule, le "roman". Et puis un jour, j'ai compris que le roman pouvait précisément être le lieu où se rencontrent le coeur du langage (comme vous dites) la pensée, les idées, les sciences humaines, l'économie,les sentiments, la psychologie, et pas simplement une "posture littéraire" du langage. Il faut oser différentes approches et pas uniquement celle où le rapport intime (pour rappeler la référence à Mac Carthy)entre un père et son fils va nécessairement faire couler sa petite larme (j'exagère en disant petite larme : belle et grande larme). Mais avant que le roman ne rencontre plus que des lectrices en pâmoison devant n'importe quel étalage de sentiments, il me semble qu'il devient au contraire urgent de penser,et peut-être, pourquoi pas, de montrer (rapidement, et au moment où inévitablement l'auteur plante le décor) que les titres des journaux relateront un jour la réalité que j'évoque. L'action et la psychologie suivent juste après ce passage, mais il faut quand même laisser au roman le soin de poser son cadre.Nous avons donc une sérieuse divergence dans la conception d'une esthétique du roman. Quant au jugement de goût, c'est le vôtre, rien à dire.

Anonyme a dit…

Je reste ouvert et, et surtout, en tant que lecteur, avide de sensations nouvelles.

(et en tant qu'humain, je ne veux pas qu'on m'enferme)

Alors notre "sérieuse divergence", je vais l'avaler,

et mettre votre roman sur ma liste.

La contempo-reine a dit…

Steph,
J'adore le genre de lecteur que vous êtes : vous obligez l'écrivain à se découvrir. C'est bien. Que l'exigence vous suive partout !Reine (avec modestie)