En ce moment, je réfléchis à l'écriture d'un nouveau roman. Ma ligne est toujours la même : observer les effets des mutations de la société pour en traduire les conséquences sur les trajectoires individuelles. Cette projection est quasiment "sociologique" même si je ne prétends aucunement à l'exhaustivité. Cet effort exige malgré tout une ouverture sur les sciences humaines, les sciences, et toutes les formes de connaissances qui sont désormais à notre portée ; finalement, l'enjeu d'un roman contemporain serait de charrier un maximum de "données" réelles, scientifiques pour les incarner dans des situations et des personnages qui ouvrent le champ à des questions importantes comme : comment la crise va-t-elle bouleverser les fondements de notre civilisation ? (c'était l'objet de Civilisation perdue) ou bien comment le virtuel nous offre-t-il la sensation de développer une existence parallèle ? (pour ceux qui ont lu sur ce blog Une mort dans l'âme). Bientôt, je mettrai en auto-publication d'autres romans et nouvelles qui s'efforcent d'apporter un regard, une réflexion sur d'autres thèmes qui me semblent emblématiques des questions nouvelles qui affluent.
Pour l'heure, j'aimerais faire part de mon nouveau projet d'écriture : il m'a paru fondamental de ne pas passer à côté d'un des grands changements de notre société, à savoir le "grand âge", le fait de finir sa vie en maison de retraite, de n'avoir plus comme perspective que de cotoyer des vieux comme soi et de mourir en ayant atteint un état de délabrement (le plus souvent) assez intolérable.
Ce roman, je veux le nourrir de témoignages réels ; c'est pourquoi j'irai enquêter auprès de personnes vivant en maison de retraite. Mais dès aujourd'hui, si certaines personnes souhaitent me faire part de leur expérience (personnelle ou de proches), qu'elles n'hésitent pas à m'écrire sur ce blog ou à mon adresse mail (rbale4@yahoo.fr). Merci.
5 commentaires:
Ajout: tu as lu cet article du Monde?
http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2008/11/20/culture-pour-une-troisieme-division-litteraire-contre-les-comptes-d-auteurs_1120755_3232.html
Ca y est, je viens de prendre connaissance de l'article. La réflexion est intéressante (la création d'une structure intermédiaire par le regroupement d'auteurs). C'est plus enthousiasmant que le compte d'auteurs, à n'en pas douter. Mais où retrouver l'auteur de cet article ? En connaissez vous le site, les coordonnées...? J'ai déjà songé plusieurs fois à initier ce type de structure. Mais je manque de deux choses : 1) la connaissance de la gestion financière 2)le retour d'expériences qui ont fonctionné. (et puis aussi le temps).
Au fait, j'ai contacté Daniel Picouly par mail ; pour l'instant aucune réponse.
Quant au Cafard cosmique, (site très intéressant en effet pour la SF et ses amateurs) ce n'est pas un éditeur. Je n'ai pas trouvé d'ailleurs de fenêtre "contact".
Toujours est-il que je reste preneuse de toute bonne suggestion.
A titre indicatif, mon auto-publication marche assez bien. C'est modeste,(une centaine de romans écoulés) mais ça me regonfle prodigieusement le moral.J'ai l'impression d'avoir débloqué une situation qui me plombait.
Et vous (ou tu plutôt), où en es-tu de tes projets d'écriture et/ou de publication ?
Merci à toi pour toutes les info.
Reine.
C'est vrai qu'il manque cette 3e division! Si l'on prend exemple sur les musiciens, avant de pouvoir signer dans une major qui pourra leur assurer la promo, la tournée... enfin tous les outils permettant de mettre son talent en valeur auprès du public, ils peuvent trouver un label, plus ou moins important, qui va leur servir de pépinière, de lieu repéré, observé (et même parfois créé) par les grosses maisons de disques (bon c'est pas tout rose non plus, car les labels ont aussi de grosses difficultés et sont saturés par les sollicitations). Pour les auteurs ? Pas grand chose il me semble. L'autoédition (sans moyen comme le montre cet article) ou les petites maisons d'édition, les libraires qui sont eux-aussi saturés de demandes. Peut-être en effet qu'il y aurait moyen de monter une structure intermédiaire visant à accompagner les auteurs, c'est une piste à suivre je pense.
Je pense que c'est vous même qui devez fournir l'expérience. Les données scientifiques ne font que des rideaux de fumée. J'ai apprécié la sincérité du voyage en Israël à la fin de L'age de déraison. Il y a un curieux film, très contestataire, presque "allumé", de Pierre Merejkowsky, qui s'appelle "Les hommes prophétiques", mais je ne sais pas si ce sera de votre goût. Mais moi j'envisagerai la question de l'avenir à partir de là.
Cher Manuel,
Toute acte d'écriture chez moi est précédé d'un double mouvement : celui d'une introspection et celui d'une investigation ; en moi/hors de moi...y compris pour L'âge de déraison qui semble pourtant autobiographique. Avant d'écrire le roman, j'ai pris le temps d'aller à la rencontre de quelques personnes internées en psychiatrie après leur tentative de suicide.Si l'héroïne est peintre, moi je ne le suis pas ; il m'a donc fallu observer quelques gestes, revisiter quelques références. En écoutant une émission sur Lévi-strauss sur France Culture aujourd'hui, j'ai été frappée par sa conception de l'art qu'il considère comme un objet de connaissance autant qu'un dépositaire de subjectivité. Bien sûr, je vais puiser dans ce que je peux déjà savoir et imaginer de ce que c'est de finir sa vie au milieu des vieux, dans le ghetto générationnel de l'antichambre de la mort. Qu'est-ce que ça fait de finir comme ça ? La question suppose une certaine disposition "empathique" et une vision "claire" de la chose étayée par des récits singuliers et des données "récurrentes". Le roman ordonne par confluences (pour ce qui est ma façon de faire et de voir). L'écran de fumée se situe ailleurs,au moment où l'écrivain croit que sa seule perception isolée contient en elle-même une vision approchante de la réalité. Ecrire un livre sur la vieillesse, la solitude, la mort sans parler aux personnes concernées, c'est plus qu'un écran de fumée : c'est un rideau de fumisterie.
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