La culture n'est pas morte en France. Elle se départit simplement du quotidien de tas de gens.
Depuis que j'ai reçu ma livraison de Civilisation perdue, je vais un peu partout parler de mon livre : l'esthéticienne en a pris un exemplaire m'avouant que ça faisait une éternité qu'elle n'avait pas ouvert un livre, le boulanger idem : depuis l'école, il n'a pas ressenti l'envie de lire. Chaque jour passant, on m'interpelle dans la petite ville : "c'est donc vrai que t'as écrit un bouquin ?". Et on m'en achète un.
Une copine infirmière qui s'extasie devant le Da Vinci Code ou le dernier Amélie Nothomb s'est réjouie en lisant mon livre. Par amitié ? Peut-être. Toujours est-il que "ça lui a donné à penser". Elle en a parlé à ses collègues qui ont passé commande.
Que se passe-t-il ? Pourquoi toute ces personnes ne lisent-elles au mieux que les best-sellers ou au pire rien du tout ? Dans un pays où l'éducation est gratuite et qui s'enorgueillit de maintenir la culture à un bon niveau, cette expérience me laisse perplexe.
Tout comme les partis politiques qui ont déserté pendant un long moment "le terrain", la littérature soit ne s'est pas assez ouverte sur le monde en se maintenant de toute sa hauteur à distance, soit s'est complètement fondue dans la tendance actuelle du consumérisme facile. C'est une hypothèse qui me fait penser que l'exigence en art ne doit surtout pas signifier "propos abscons, amphigourique" ou bien, à l'inverse se faire synonyme d'une certaine culture moderne faite de rien, de vent, de cette pauvreté intellectuelle qui la rend l'équivalent d'une mauvaise émission de télé (assortie d'une ou deux remarques spirituelles pour faire illusion).
Je me fais rire depuis que je fais ma V.R.P. Mais cette démarche ne me semble pas totalement absurde : souhaite-t-on que les lecteurs se fassent de plus en plus distants de "la chose littéraire" ? Ne doit-on pas aller vers eux ? Cette idée de "proximité" qui peut sembler dévoyée est pourtant réelle. Par exemple, la Provence est un quotidien qui marche fort dans ma région ; de même, les écrivains sans pour autant proposer de la littérature régionale, devraient peut-être se rapprocher physiquement des lecteurs. En tout cas, c'est comme ça que le perçois.
Depuis que j'ai reçu ma livraison de Civilisation perdue, je vais un peu partout parler de mon livre : l'esthéticienne en a pris un exemplaire m'avouant que ça faisait une éternité qu'elle n'avait pas ouvert un livre, le boulanger idem : depuis l'école, il n'a pas ressenti l'envie de lire. Chaque jour passant, on m'interpelle dans la petite ville : "c'est donc vrai que t'as écrit un bouquin ?". Et on m'en achète un.
Une copine infirmière qui s'extasie devant le Da Vinci Code ou le dernier Amélie Nothomb s'est réjouie en lisant mon livre. Par amitié ? Peut-être. Toujours est-il que "ça lui a donné à penser". Elle en a parlé à ses collègues qui ont passé commande.
Que se passe-t-il ? Pourquoi toute ces personnes ne lisent-elles au mieux que les best-sellers ou au pire rien du tout ? Dans un pays où l'éducation est gratuite et qui s'enorgueillit de maintenir la culture à un bon niveau, cette expérience me laisse perplexe.
Tout comme les partis politiques qui ont déserté pendant un long moment "le terrain", la littérature soit ne s'est pas assez ouverte sur le monde en se maintenant de toute sa hauteur à distance, soit s'est complètement fondue dans la tendance actuelle du consumérisme facile. C'est une hypothèse qui me fait penser que l'exigence en art ne doit surtout pas signifier "propos abscons, amphigourique" ou bien, à l'inverse se faire synonyme d'une certaine culture moderne faite de rien, de vent, de cette pauvreté intellectuelle qui la rend l'équivalent d'une mauvaise émission de télé (assortie d'une ou deux remarques spirituelles pour faire illusion).
Je me fais rire depuis que je fais ma V.R.P. Mais cette démarche ne me semble pas totalement absurde : souhaite-t-on que les lecteurs se fassent de plus en plus distants de "la chose littéraire" ? Ne doit-on pas aller vers eux ? Cette idée de "proximité" qui peut sembler dévoyée est pourtant réelle. Par exemple, la Provence est un quotidien qui marche fort dans ma région ; de même, les écrivains sans pour autant proposer de la littérature régionale, devraient peut-être se rapprocher physiquement des lecteurs. En tout cas, c'est comme ça que le perçois.
2 commentaires:
Je pense que c'est une bonne démarche que la vôtre, Reine. C'est un besoin aussi chez les public, amateur ou non de lecture, de voir aussi des artistes, des créateurs incarnés qui font la démarche d'aller vers eux. Ca leur change des icônes complètement éthérées qu'on peut leur servir à la télé. Je pense aussi que les auteurs de livres comptent trop sur les relais (maisons d'édition, médias, libraires) pour se faire connaître, se faire aimer. Est-ce qu'il viendrait à l'esprit d'un groupe de musique de ne jamais se produire sur scène, à une compagnie de théâtre de ne produire qu'un dvd... Un auteur ne pourrait-il pas être un artiste vivant ? Est-il un être passif dans sa tour d'ivoire contemplant le monde avec une altitude suffisante pour lui éviter tout contact ? Sans doute que cette position arrange beaucoup d'écrivains et d'éditeurs qui par ce biais se donne le rôle d'indispensable intermédiaire. Je crois, en dehors des modèles néto-économiques, qu'on peut encore innover et inventer des choses dans ce domaine, permettre la rencontre auteur-lecteur (en dehors des files d'attente des sacrosaints salons du livre). Vous le dites : le public n'est pas aussi acculturé qu'on le croit en matière de lecture. Peut-être simplement que le livre ne va pas assez vers lui et qu'à choisir, il opte pour la facilité qu'on lui déverse à la maison.
En tous les cas je ne trouve pas votre démarche absurde... Je suis sûr que vous en apprendrez davantage sur ce que les lecteurs pensent vraiment de votre roman qu'avec les compte-rendus laconiques des résultats des box-office des ventes. Après, c'est sûr que pour en vivre... c'est peut-être une autre paire de manche !
Cher Sébastien,
Vous confortez en moi l'idée que le problème ne réside pas seulement dans une supposée acculturation que beaucoup réprouvent sans rien y changer. La tendance est malgré tout lourde et soulève des paradoxes continuels :
-premier paradoxe : des catégories de personnes lisent de moins en moins alors que l'offre de lecture s'accroît.
-l'accès au livre s'est diversifié : bibliothèques, librairies, supermarchés, internet : et encore trop peu de personnes profitent de ces facilités.
-troisième constat : l'image d'une grande culture avec des références mythiques (Molière, Hugo...) a fixé une idée sacralisée et par contrecoup inhibante de la culture pour qui n'a pas été "un bon élève".La littérature est respectée mais plus touchée (elle devient un rappel de ses propres carences d'écolier qui avait 0 aux dictées, qui s'exprimait mal...)
Il y aurait d'autres contradictions à pointer ; mais déjà je tire deux conséquences de ce qu'il conviendrait de modifier un peu ; d'abord, du côté de la création : il faut associer l'élitisme au populaire. Dire des choses importantes et les mettre à la portée du plus grand nombre.
Ensuite, incarner son discours : ne pas être "monument", "statut", "nom de rue" avant que d'avoir été un homme parmi les autres hommes. Accepter leur haine, leur amour, leur méfiance, leur curiosité. Autrement dit, ne pas être uniquement écrivain seul face à sa feuille mais bien dans l'espace public qui ne peut et ne doit se réduire aux medias. J'adhère d'ailleurs avec ce que vous dîtes sur les arts du spectacle (musique, théâtre). Pour qu'un écrivain ne soit pas l'outil supplémentaire de la société du spectacle, il doit lui-même indiquer où se situe le vrai spectacle : tout comme Norman Mailer qui louait à lui seul la salle du Carnégie Hall pour beugler un bon coup. Jamais à aucun moment il ne s'est pas demander "ai-je dépassé la mesure ?" ; non, il allait de soi qu'il devait excéder la mesure générale.
Merci Sébastien.
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