Voici donc l'incipit de l'âge de déraison, c'est à dire le début à proprement parler du roman:
chapitre 1 : une page de journal
"17 octobre
Et soudain, je reconnais la vraie nature de mon désir : j'en suis la source et l'objet. Il se contorsionne violemment dans mon ventre jusqu'au niveau du nombril, dans un spasme douloureux qui le fait remonter jusqu'aux origines, à la source de toute vie. Voilà, j'y suis. Mes doigts jonglent avec le plaisir et l'envie si puissante que j'ai de moi-même de me fondre en icône du Désir. Je suis artiste et modèle en cet instant vital, inouï, crépusculaire. La beauté devient ma beauté par l'élasticité remarquable de mes doigts qui trouvent si aisément dans l'entrelacs de mes cuisses, le chemin de ma jouissance.
Qui en approcherait si aisément à part moi ? Je suis Reine Onaniste et toute puissante sur mon obscur royaume ; j'y ai dicté une à une ses règles à mes plaisirs en commençant par bannir quelques inhibitions de surface ; adolescente déjà, j'ai enfreint les frontières de lieu et de temps pour m'adonner à la satisfaction immédiate et répétée en plein après-midi, avant et après n'importe quelle activité. La discontinuité n'a pas d'importance : au contraire ! Quel délice de monter la trame de mes incongruités ! Etre sur la scène de mon théâtre social et coulisser dans le repli d'un plaisir auto-administré ! La condition sine qua non ?Etre seule, absolument seule pour ne pas être génée par un voyeur parasite qui me forcerait à moduler, à simuler la violence primitive de ma Sainte Branlette ; pour ne rien concéder, éloigner toute trace de présence masculine. Restreindre l'existence de l'homme à la figure rêvée de son érection. Voilà, je jouis.(...)"
Cet incipit comporte encore deux paragraphes, mais je pense que ces quelques lignes permettent de délimiter l'essentiel.
Comme je l'ai précédemment expliqué dans les pages de blog des deux jours précédents,
le personnage doit être le reflet d'une tendance lourde de la société contemporaine ; c'est dans cette optique que j'ai restitué une page de son journal (qui d'emblée témoigne d'une volonté de s'approprier un "je"non dévoilé à autrui) et qu'elle y relate avec application ce qu'elle éprouve en se masturbant. Autre chose de très significatif, elle prend plaisir autant à faire qu'à raconter et peut-être même que le fait de dire son plaisir le crée effectivement. Elle incarne donc bien la recherche assumé du plaisir solitaire comme de nombreux hommes qui se délectent devant la pornographie, sauf qu'elle est une femme. Plaisir et solitude sont des composantes qui me semblent traduire un transformation notable de la société dont les retentissements sur la psychologie sont nombreux : satisfaction dans cette page de journal mais aussi frustration
comme nous le verrons dans la suite du roman...
chapitre 1 : une page de journal
"17 octobre
Et soudain, je reconnais la vraie nature de mon désir : j'en suis la source et l'objet. Il se contorsionne violemment dans mon ventre jusqu'au niveau du nombril, dans un spasme douloureux qui le fait remonter jusqu'aux origines, à la source de toute vie. Voilà, j'y suis. Mes doigts jonglent avec le plaisir et l'envie si puissante que j'ai de moi-même de me fondre en icône du Désir. Je suis artiste et modèle en cet instant vital, inouï, crépusculaire. La beauté devient ma beauté par l'élasticité remarquable de mes doigts qui trouvent si aisément dans l'entrelacs de mes cuisses, le chemin de ma jouissance.
Qui en approcherait si aisément à part moi ? Je suis Reine Onaniste et toute puissante sur mon obscur royaume ; j'y ai dicté une à une ses règles à mes plaisirs en commençant par bannir quelques inhibitions de surface ; adolescente déjà, j'ai enfreint les frontières de lieu et de temps pour m'adonner à la satisfaction immédiate et répétée en plein après-midi, avant et après n'importe quelle activité. La discontinuité n'a pas d'importance : au contraire ! Quel délice de monter la trame de mes incongruités ! Etre sur la scène de mon théâtre social et coulisser dans le repli d'un plaisir auto-administré ! La condition sine qua non ?Etre seule, absolument seule pour ne pas être génée par un voyeur parasite qui me forcerait à moduler, à simuler la violence primitive de ma Sainte Branlette ; pour ne rien concéder, éloigner toute trace de présence masculine. Restreindre l'existence de l'homme à la figure rêvée de son érection. Voilà, je jouis.(...)"
Cet incipit comporte encore deux paragraphes, mais je pense que ces quelques lignes permettent de délimiter l'essentiel.
Comme je l'ai précédemment expliqué dans les pages de blog des deux jours précédents,
le personnage doit être le reflet d'une tendance lourde de la société contemporaine ; c'est dans cette optique que j'ai restitué une page de son journal (qui d'emblée témoigne d'une volonté de s'approprier un "je"non dévoilé à autrui) et qu'elle y relate avec application ce qu'elle éprouve en se masturbant. Autre chose de très significatif, elle prend plaisir autant à faire qu'à raconter et peut-être même que le fait de dire son plaisir le crée effectivement. Elle incarne donc bien la recherche assumé du plaisir solitaire comme de nombreux hommes qui se délectent devant la pornographie, sauf qu'elle est une femme. Plaisir et solitude sont des composantes qui me semblent traduire un transformation notable de la société dont les retentissements sur la psychologie sont nombreux : satisfaction dans cette page de journal mais aussi frustration
comme nous le verrons dans la suite du roman...
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