dimanche 28 septembre 2008

Quelques paradoxes éloquents.

Dernière tournée dans Les correspondances de Manosque. Une conférence que je ne veux pas rater portant sur les difficultés de l'édition. Je suis au plus haut point intéressée par ce débat car moi-même, je me demande depuis quelque temps quelle est la manière la plus favorable d'être lue. Aucune solution en fait n'est simple. Voici ce qu'en disent les éditeurs eux-mêmes.
D'abord, les problèmes économiques qu'ils rencontrent sont réels ; ils tiennent bon, mais les grands groupes sont là, menaçants de puissance et pleins du désir de les "avaler". Les librairies, les supermarchés ne donnent de visibilité qu'aux livres dont le succès est prévisible. La critique joue encore son rôle de prescripteur mais les lecteurs n'écoutent plus : la masse des écrits complexifie les choses : qu'acheter, que lire ?
Et les écrivains dans tout ça ? Soit ils bénéficieront d'une couverture médiatique -auquel cas ils peuvent prétendre à un petit succès -, sinon -comme c'est la plupart du temps le cas-, les oubliettes...
Néanmoins, les éditeurs conservent des poches d'optimisme quelque soient les dangers ; et le nouveau danger s'appelle Internet.
Quand, timidement et peut-être maladroitement, j'ai suggéré que du point de vue de l'écrivain, ça pouvait constituer un bon outil pour y exposer sa création, ils m'ont tous répondu d'une même voix que la maison d'édition constituait le passage obligé pour obtenir une reconnaissance. Il est normal qu'ils prêchent pour leur paroisse, mais tout de même, un paradoxe me frappe : d'un côté, ils souhaitent qu'on leur envoie des manuscrits pour être les seuls à décider de la publication de tel ou tel, de l'autre, c'est tout juste s' ils répondent quand on leur en envoie. Ensuite, les enjeux pour l'écrivain et pour l'éditeur ne sont pas nécessairement les mêmes : un écrivain sait bien qu'il ne peut pas faire fortune avec ses livres (sauf rares exceptions). Le plus souvent, il écrit pour être lu et pas pour des raisons économiques. Alors, pourquoi le net ne serait-il pas aussi un bon moyen pour lui d'être lu ? Au moins partiellement...Par touches, par extraits...et plus si affinités.
Personnellement, je ne pense pas que les deux approches soient contradictoires. Après tout, la reconnaissance est parfois si longue à obtenir que l'envie de court-circuiter les maisons d'édition se fait naturellement sentir ; il nous vient comme l'envie de croire qu'on peut y arriver tout seul. Et peut-être que cette histoire de "label" indépendant n'est qu'une illusion suplémentaire ; alors, si tel est le cas, venez à moi, maisons d'édition, détrompez-moi de votre cohérence...

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