Les Correspondances à Manosque : c'est l'évènement culturel de l'année qui fait sortir la ville de sa léthargie. En cinq jours défilent des dizaines d'auteurs qui viennent déclamer sur la place leur prose faisant entendre, au milieu des curieux, "l'ineffable musique de leurs textes". On en entend des mots à cette occasion ! Jusqu'à s'en étourdir, jusqu'au moment où on n'entend plus rien... Mais sevrés d'animation culturelle tout le reste de l'année, les manosquins se pressent là, au milieu des platanes et des pastis pour prendre leur dose de "littérature" et repartir contents d'avoir capté quelques fragrances mystiques de création. Surtout, c'est l'écrivain qu'on veut voir, approcher et pourquoi pas, sentir. Il se prête volontiers d'ailleurs au goût curieux qu'ont les gens de l'interroger sur des détails : "écrivez-vous avec votre sergent major ou directement sur ordinateur ?" et l'artiste, dans son auguste patience de répondre, comme s'il livrait la clé fondamentale qui ouvre à son imaginaire : "je remplis des pages de brouillons avec mon bon vieux stylo à plume avant que de tâter du traitement de textes" ; l'expression "tâter du traitement de textes" ne manque pas d'amuser les plus fins, les plus spirituels de cette assemblée, dont et d'après mon sondage, la majorité n'a pas ouvert une page d'un de ses livres. Non, on vient regarder, et surtout, on vient vivre un "grand moment de culture" pour affirmer son appartenance à "ce grand tout culturel" qui fait la différence sociologique entre ceux qui en sont et ceux qui n'en sont pas. Le spectacle culturel comme le nec plus ultra de la consommation.
Mais de cynisme, point trop. Il fut donné à entendre de vrais bons musiciens avec un vrai bon texte, et le charme opéra. C'était Yann Aperri , et celui-là ne se contente pas de blablater : il chante et finalement c'est beaucoup mieux pour entendre "la musique des mots".
Enfin donc, pour être lu, faut-il être de toutes ces manifestations ? Ecrivain la nuit, communiquant le jour ? C'est une question tout de même...
Mais de cynisme, point trop. Il fut donné à entendre de vrais bons musiciens avec un vrai bon texte, et le charme opéra. C'était Yann Aperri , et celui-là ne se contente pas de blablater : il chante et finalement c'est beaucoup mieux pour entendre "la musique des mots".
Enfin donc, pour être lu, faut-il être de toutes ces manifestations ? Ecrivain la nuit, communiquant le jour ? C'est une question tout de même...
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