dimanche 14 septembre 2008

Premiers pas dans l'âge de déraison

Hier dans la première page de mon blog, j'ai livré les grands principes théoriques qui guident mon activité littéraire. Il est temps aujourd'hui d'en montrer les applications à travers un début de fiction. Il s'agit de mon premier roman L'âge de déraison. Je vais ensuite essayer d'expliquer la façon dont j'ai organisé, pensé ces premières lignes afin que le lecteur curieux du processus de création puisse trouver ici matière à satisfaction.
N.B : l'extrait de l'ouvrage présenté ici est protégé.
L'âge de déraison par Reine Bale.
"Préambule
Qui oserait affirmer aujourd'hui qu'il n'a jamais été tenté un jour de prendre sa plume et d'étaler, noir sur blanc, le fond de ses pensées ? Au moins s'agit-il de pouvoir exceller dans l'exercice très avancé du moi-je en toute occasion et dans n'importe quelle posture. Mais quoi ? Est-ce après tout si critiquable ? Il faut bien que l'humain, cette drôle de créature faite de chair et d'esprit, d'instinct et de volonté, et d'encore plein de choses très contraires s'y retrouve un peu. Alors c'est vrai, on a de l'égocentrisme partout, au boulot, à la télé, en confession en exhibition, en tout cas par wagons. Les wagons, ça déraille aussi. Ca penche souvent du côté fesses. Mais là aussi, faudrait pas être trop sévère. Depuis qu'on n'a plus de périodes de reproduction, les choses sont devenues bien compliquées. On s'y perd. Elle aussi s'y perd. Elle, c'est Arielle, mais c'est pas encore un lion. Loin de là. Elle aussi tenait son petit journal avec des bouffées d'égocentrisme pleins les naseaux, jusqu'à s'en écoeurer elle-même. Les effets secondaires de l'égocentrisme, ça peut mener très loin. Surtout quand tout le monde s'y met."
J'ai restitué ici l'intégralité du Préambule, c'est à dire du texte qui précède à proprement parler l'incipit (le début de l'intrigue). Je livrerai dans les jours qui suivent, les premières pages dites de "mise en place"du personnage, de sa problématique, de son entourage physique et humain.
Le préambule permet ici de donner le ton, de situer les enjeux : en l'occurrence, une forme de narcissisme étroitement liée à l'époque contemporaine. Le personnage sera donc le lieu de toutes les contradictions provenant de cette émancipation qu'est l'affirmation de l'individualisme et des excès qu'elle draine (égoïsme, indifférence). L'héroïne elle-même applique cette forme d'affirmation du "je" n'ayant au départ pas conscience d'écraser les autres "je" qui l'entourent, jusqu'au moment où elle devra en faire la douloureuse épreuve, dans sa chair même.
C'est pourquoi "Arielle n'est pas encore un lion".
Donc, ce préambule permet de fixer ma position d'auteur par rapport à mon personnage : il ne s'agit pas pour moi d'appliquer ce "grand déballage d'intimité" mais bien d'observer ce que cette tendance sociétale provoque "en situation", c'est à dire à travers un personnage qui recouvre de nombreux traits identifiables chez nos contemporains.
Mon projet est clair, mais de votre côté, comment l'avez-vous reçu ?

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