vendredi 3 octobre 2008

une mort dans l'âme -suite.

C'est après son divorce qu'il avait commencé à naviguer sur le net, au départ pour tuer la solitude et l'ennui. Oh ! Il avait bien tenté de s'inscrire sur des sites de rencontres, au moins pour renouer avec la séduction. Mais à quarante deux ans, l'enthousiasme n'est plus si frais, le visage moins sémillant, les rencontres peu excitantes. Des divorcées, la plupart du temps, comme lui avec des enfants et des vies laminées par les déceptions qui au fil des conversations se déversaient comme la neige des montagnes dans les torrents, puis dans les rivières, charriant à grande eau les chagrins. Finalement, ces histoires racontaient toujours la même chose : que ce soit un mari infidèle, un homme trop pantouflard ou le désir qui s'étiole, il y avait un mensonge fondamental. Mais Xavier ne sentait pas la force de démentir le mensonge, lui qui venait d'endurer la douloureuse épreuve d'être traité de menteur par son ex-épouse. Valérie lui avait dit, avant de le quitter, que leur vie tournait en rond, qu'elle ne se voyait pas finir dans l'appartement de leur petite banlieue avec un mari qui regimbait sur son travail à longueur de temps, tout ça parce qu'il avait manqué d'ambition. Ils avaient fait un enfant et elle ne souhaitait pas en faire un deuxième pour régler leurs problèmes de couple. D'après elle, il aurait pu essayer de faire une thèse et enseigner à la fac, tout comme elle qui avait réussi à obtenir un poste d'assistante. Là-bas, à l'université, elle avait rencontré des tas de gens intéressants et lui, au milieu, ressortait de plus en plus comme une tâche grise. "La vie avec toi n'est pas aussi brillante que je pensais ; tu m'as -disons-le- trompée sur la marchandise, peut-être parce qu'avec moi tu n'es pas assez heureux". Se préoccupait-elle vraiment de son bonheur ? Bien sûr, non. Mais au fond, peut-être avait-elle raison : à part sa petite fille et d'heureux moments avec sa femme, il n'avait pas su jouir, insolemment et sans vergogne des quelques opportunités que la vie lui avaient offertes. Et maintenant, il se rattrapait. Le soir, muni d'un simple clavier, d'un écran d'ordinateur, il s'en donnait à coeur joie. Un pseudonyme : "Plume de feu", quelques mots bien sentis tirés à boulets rouges et voilà à nouveau la passion qui incendiait ses nerfs.

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