"Xavier, assis à son bureau, méditait sur l'éternel recommencement, l'entêtement de la vie à prendre toujours le même chemin, l'ennuyeuse litanie de la redite qui accompagnait ses gestes et ses pensées. Combien de fois n'avait-il pas déjà éprouvé cette lassitude ? Combien de fois ne s'était-il pas fait la réflexion que son travail ou le vide, c'était du pareil au même ? Une sorte d'équivalence pouvait s'établir entre son agitation sociale et une forme de néant: "c'est ça un prof : un brillant comédien qui est tout le temps en répétition en attendant une reconnaissance qui ne viendra jamais" se dit-il désabusé. "Plaisir de la transmission, relations humaines et sensibles et tout ce baratin très "correct"...mon cul ouais ! Un prof, ça tacheronne et le reste du temps, ça ronchonne ! Voilà, on est dans le vrai !".
La pile de copies narguait Xavier qui, en pivotant sur sa chaise, cherchait à lui échapper. C'était mercredi après-midi et jeudi, avait-il promis à ses élèves, il leur rendrait les devoirs dûment corrigés, abondamment annotés. Trente cinq dissertations de lycéens, pas moins. Trente-cinq copies d'au moins quatre pages chacune, soit par un rapide calcul mental trois cent cinquante minutes à raison de dix minutes par devoir. Pas loin de six heures de travail devant lui. Mais ce n'étaient pas n'importe quelles heures que la sale besogne lui enlevait ; des heures "à lui, pour lui", des heures précieuses où il pouvait enfin devenir ce qu'il était : une plume acerbe, aiguisée et respectée. Un fleuron du fleuret mouchetant la crème de la médiocrité avec quelques acolytes anonymes mais complices : des blogueurs très en verve qui se donnaient le mot, à la nuit tombée, pour dire leurs quatre vérités à tous les indigents de la pensée qui n'avaient pas eu le bon goût du bon mot. Plus largement, ils remplissaient les pages de commentaires mises à leur disposition sur les blogs, et démocratiquement, ils déposaient le jugement qu'ils avaient sur tout.
La pile de copies narguait Xavier qui, en pivotant sur sa chaise, cherchait à lui échapper. C'était mercredi après-midi et jeudi, avait-il promis à ses élèves, il leur rendrait les devoirs dûment corrigés, abondamment annotés. Trente cinq dissertations de lycéens, pas moins. Trente-cinq copies d'au moins quatre pages chacune, soit par un rapide calcul mental trois cent cinquante minutes à raison de dix minutes par devoir. Pas loin de six heures de travail devant lui. Mais ce n'étaient pas n'importe quelles heures que la sale besogne lui enlevait ; des heures "à lui, pour lui", des heures précieuses où il pouvait enfin devenir ce qu'il était : une plume acerbe, aiguisée et respectée. Un fleuron du fleuret mouchetant la crème de la médiocrité avec quelques acolytes anonymes mais complices : des blogueurs très en verve qui se donnaient le mot, à la nuit tombée, pour dire leurs quatre vérités à tous les indigents de la pensée qui n'avaient pas eu le bon goût du bon mot. Plus largement, ils remplissaient les pages de commentaires mises à leur disposition sur les blogs, et démocratiquement, ils déposaient le jugement qu'ils avaient sur tout.
1 commentaire:
Bonjour, Reine Bale,
Je ne commente pas seulement, vos notes actuelles, mais l'ensemble du travail que j'ai pu lire sur votre blog. Tout d'abord, je vous dis bravo de prendre la main sans attendre qu'un éditeur vous la tende. Si je me rappelle bien, tous les artistes ou courants artistiques qui ont compté dans l'histoire sont ceux inaugurés, motivés, créés par des artistes.
Continuer votre travail d'écrivain que je sens réel, alliant qualité littéraire et profondeur des réflexions
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