Ils avaient, lui et ses compagnons virtuels, un terrain de prédilection : celui de la critique féroce des romans d'écrivains installés. Par exemple, quand Marianne Rageot publiait un nouveau roman, racontant encore une fois ses amours en prétextant faire une oeuvre de fiction, les blogueurs, Xavier dit "plume de feu", "Anaïs", "Hermès" et bien d'autres encore, se ruaient sur la duplicité de l'entreprise, sa vocation commerciale et son ineptie littéraire. C'avait été d'ailleurs l'occasion pour "Plume de feu" de se rapprocher insensiblement d' "Anaïs" qui avait su lui donner le change :
"-Plume de feu: Tiens ! V'là la déjection annuelle de Rageot ! C'est fou d'observer comment certains auteurs viennent régler leurs problèmes de constipation dans des objets qu'abusivement on appelle livres ! Et si on servait de son bouquin dans un usage authentique !
-"Anaïs"- C'est un peu cher le papier-cul, ne croyez-vous pas mon cher "plume de feu" ? Je ne sais pas si elle a vidé ses intestins, mais moi, je n'ai vraiment pas envie d'en chier pour lire ce bouquin.
-"Plume de feu" : Voilà qui ne peut être mieux dit, et je reconnais là votre style sans concession, tendre Anaïs."
Ainsi donc, "Plume de feu" et "Anaïs" entretenaient depuis quelque temps, par blogs interposés, la plus complice des relations. Quand "Plume de feu" redevenait Xavier, le prof de banlieue aux corrections interminables, l'envie d'une autre vie partagée avec Anaïs l'emmenait sur une terre fantasmée faite de connivences, de rencontres littéraires envoûtantes, d'éclats de rires enclenchés par un regard, un seul. Mais à quoi ressemblait-elle ? Et son âge ? Peut-être était-elle âgée ? Mariée avec des enfants ? Comment enfin basculer de la question à la certitude, du virtuel au réel ? Les flèches empoisonnées qu'ils aimaient envoyer dans la page "commentaires" de présentations d'auteurs dans les blogs, leur interdisaient, en quelque sorte de verser dans le registre sentimental. Xavier vivait ainsi son activité de "critique" selon deux modes : l'excitation jouissive et la frustration de ne pas être au-delà de l'écran la personne qu'il affichait avec hargne.
"-Plume de feu: Tiens ! V'là la déjection annuelle de Rageot ! C'est fou d'observer comment certains auteurs viennent régler leurs problèmes de constipation dans des objets qu'abusivement on appelle livres ! Et si on servait de son bouquin dans un usage authentique !
-"Anaïs"- C'est un peu cher le papier-cul, ne croyez-vous pas mon cher "plume de feu" ? Je ne sais pas si elle a vidé ses intestins, mais moi, je n'ai vraiment pas envie d'en chier pour lire ce bouquin.
-"Plume de feu" : Voilà qui ne peut être mieux dit, et je reconnais là votre style sans concession, tendre Anaïs."
Ainsi donc, "Plume de feu" et "Anaïs" entretenaient depuis quelque temps, par blogs interposés, la plus complice des relations. Quand "Plume de feu" redevenait Xavier, le prof de banlieue aux corrections interminables, l'envie d'une autre vie partagée avec Anaïs l'emmenait sur une terre fantasmée faite de connivences, de rencontres littéraires envoûtantes, d'éclats de rires enclenchés par un regard, un seul. Mais à quoi ressemblait-elle ? Et son âge ? Peut-être était-elle âgée ? Mariée avec des enfants ? Comment enfin basculer de la question à la certitude, du virtuel au réel ? Les flèches empoisonnées qu'ils aimaient envoyer dans la page "commentaires" de présentations d'auteurs dans les blogs, leur interdisaient, en quelque sorte de verser dans le registre sentimental. Xavier vivait ainsi son activité de "critique" selon deux modes : l'excitation jouissive et la frustration de ne pas être au-delà de l'écran la personne qu'il affichait avec hargne.
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